Les différents styles d’attachement

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Contexte et introduction :

Connaissez-vous la théorie des styles d’attachement ?
Je l’ai découverte il y a un peu plus d’un an mais j’aurais voulu la connaître bien plus tôt car je trouve qu’elle permet de comprendre beaucoup de choses.

Cette théorie est issue des travaux de John Bowlby, un médecin psychiatre et psychanalyste britannique (1907 - 1990).

L’attachement est un besoin humain fondamental. 
Se sentir protégé, vu, compris, rassuré, sentir l'amour dans le regard de l'autre, se sentir accompagné dans la découverte du monde, ressentir le bien-être de la présence tranquille de l'autre et enfin, savoir que les conflits sont toujours suivis de réparation et d'apaisement est fondamental pour tout être humain et permet le développement d’un attachement sain pour l’enfant mais aussi, pour le futur adulte qu’il deviendra. 

Selon la qualité des relations vécues avec nos parents, nous avons développé, pendant l’enfance, une certaine façon d’être au monde, d’être avec les autres et d’être avec soi-même, émotionnellement.

Il y aurait 4 styles d’attachement différents qui seraient donc liés à la façon dont vous avez reçu de l’amour et de l’attention de la part de vos parents (ou les personnes qui ont eu ce rôle pour vous : vos figures d’attachement ou vos « caretakers ») quand vous étiez enfant. 

Selon vos traumatismes, vos blessures, vos perceptions des situations à un jeune âge (car l’enfant peut avoir mal interprété certaines situations), vous allez développer, dans vos relations avec les autres (famille, amour, amitié… etc), un style d’attachement en particulier.

Boris Cyrulnik (neurologue, psychiatre, ethnologue, psychanalyste et écrivain français) a beaucoup étudié le sujet de l'attachement et déclare : « Il est désormais prouvé, imagerie médicale à l'appui, que les privations affectives provoquent des altérations cérébrales. »

Voici les 4 styles d’attachement reconnus (avant de les détailler plus bas) : 

-L’attachement « Sécure » / Environ 50% de la population (style sécure)
-L’attachement « Anxieux/Soucieux » / Environ 20% de la population (style insécure)
-L’attachement « Évitant/Fuyant » Environ 25% de la population (style insécure)
-L’attachement « Désorganisé/Chaotique » Environ 5% de la population (style insécure)

À la différence du premier style d’attachement, les 3 derniers constituent donc des attachements insécures.

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Le rôle des parents : 

Pourquoi le comportement de nos parents (ou « caretakers ») durant notre enfance impacte t’il autant nos vies d’adultes ?

Nos parents sont notre première source d’influence et pour cause : Ils nous ont donné la vie et sont responsables de notre survie.

Le bébé se développe donc dans une relation de dépendance envers ses parents, que ce soit pour la nourriture, l’hydratation et les soins. Il va analyser ses parents comme ses référents et des êtres essentiels à l’assouvissement de ses besoins vitaux. 

Aux yeux de l’enfant, ses parents sont parfaits et cette notion, biaisée, à toute son importance puisqu’aucun être humain n’est parfait.
Les comportements imparfaits des parents vont donc apparaître comme « justes » à l’enfant qui se construira et s’adaptera avec cette vision qu’il est forcément le problème dans la plupart des conflits et tensions.
Ce n’est que plus tard (à l’adolescence ou à l’âge adulte) que l’être humain est capable de voir ses parents pour ce qu’ils sont : des êtres humains imparfaits ayant leur lot de défauts, d’insécurités et de comportements toxiques répétés (ou non), qui ont souvent fait ce qu’ils ont pu avec les moyens et les bagages hérités…

En effet, on ne peut pas tout mettre sur le dos des parents. D’autres informations sont à prendre en compte mais il reste important de reconnaître l’enfance comme une période déterminante. 

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Définitions et caractéristiques :

Voyons maintenant en détails les caractéristiques de ces styles d’attachement :

-L’attachement « Sécure » : 

C’est celui que l’on vise tous et toutes. Les personnes ayant ce style d’attachement ont confiance en elles et connaissent leur valeur. Elles n’ont pas peur de l’amour, ni de l’attachement et sont en capacité d’exprimer leurs besoins affectifs, émotionnels, leurs sentiments, de respecter et de faire respecter leurs limites… etc. 

*Leurs caractéristiques sont : Confiance, fiabilité, ouverture, liberté, stabilité, maturité, sagesse, sérénité, force mentale, sécurité émotionnelle, individualité, justesse d’interprétation, résilience, sécurité affective, adaptabilité, autonomie… etc.

*Leurs phrases types peuvent être : « Je vis mes relations en confiance », « Je suis digne d’amour », « J’ai confiance en moi et aux autres »… 

*Leur contexte familial durant l’enfance : Leurs parents ont su créer un environnement sécurisant, leur permettant de sentir qu’ils pouvaient, en cas de difficulté ou de stress, se tourner vers eux pour répondre à leurs besoins de réassurance.

-L’attachement « Anxieux/soucieux » : 

Les personnes ayant ce style d’attachement manquent de confiance en elles, ont une faible estime d’elles-mêmes.

*Leurs caractéristiques sont : Anxiété, possessivité/jalousie, négativité, un grand besoin de communication, difficulté avec la solitude, hypervigilance, sur-interprétation, exclusivité, création mentale de scénarios catastrophes, ruminations, auto-sabotage, hyper-activation émotionnelle, sensibilité voire hypersensibilité, dépendance affective/anaclitisme, besoin de validation, besoin de réassurance, doutes… etc. 

*Leurs phrases types peuvent être : « Ne me quitte pas », « C’est ma seule chance d’être aimé.e », « Est-ce que tu m’aimes ? », « Tu es sûr.e que tout va bien entre nous ? », « J’ai très peur que tu me trompes », « J’ai peur d’être rejeté.e »… etc. 

*Leur contexte familial durant l’enfance : Des parents hypervigilants, anxieux, qui vont développer, chez leur enfant, une vision entachée de peurs.
Cela affaiblit l'estime de soi et crée une perception du monde qui exagère le négatif et diminue le positif.

-L’attachement « Évitant/fuyant »

Les personnes ayant ce style d’attachement vont avoir tendance à minimiser ou couper leurs émotions, se replier sur elles-mêmes quand il ou elle sont dépassé.e.s. Elles ont mis en place des gardes ou un mur émotionnel et tiennent à garder une image « dure ». Elles trouvent rapidement des raisons de partir/fuir. 

*Leurs caractéristiques sont : Anxiété, distance, froideur, difficulté à la remise en question, rigidité, difficulté à montrer/parler de ses émotions, désactivation émotionnelle/détachement, communication chaude/froide, peur de l’intimité, peur de l’engagement, difficulté à reconnaître les émotions des autres, susceptibilité, difficulté à prendre leurs responsabilités, peur d’être contrôlé.e.s, « rétropédalage », fermeture… etc. 

*Leurs phrases types peuvent être : « Je me sens piégé.e », « Je suffoque », « Je peux trouver mieux », « Je me suis fait tout seul », « Je n’ai besoin de personne », « Je ne peux compter que sur moi-même », « Je vis la proximité comme une menace et la vulnérabilité comme une faiblesse »… etc. 

*Leur contexte familial durant l’enfance : Des parents absents, froids, incohérents ou instables vont faire que l’enfant va apprendre à mettre à distance ses propres émotions afin de ne pas souffrir d'un milieu dans lequel il n'avait pas la place nécessaire pour les ressentir avec ses proches. Ce sont des personnes qui ont été négligées émotionnellement.


-L’attachement « Désorganisé/chaotique »

Mélange de comportements « Anxieux » et « Évitants » mais, de façon très contrastée et irrégulière. Ces comportements opposés (bien qu’il y ait toujours une polarité dominante) peuvent fluctuer sur une journée.

Les personnes ayant ce style d’attachement oscillent entre l’hyper-activation émotionnelle ET désactivation émotionnelle. 

*Leurs caractéristiques sont : Imprévisibilité, traumatismes, méfiance, manque de confiance, excessivité, rigidité, dissociation, agitation VS engourdissement, mutisme, rejet, paradoxes, isolement, instabilité, dépression, toc, crises, phobies… etc. 

*Leurs phrases types peuvent être : « Fuis moi je te suis, suis-moi je te fuis », « Va t’en mais surtout ne m’abandonne pas »… etc. 

*Leur contexte familial durant l’enfance : La figure parentale était, par moment, suffisamment attentive aux besoins de l’enfant et, à d’autres moments, elle était absente voire hostile. C’est un modèle très frustrant et perturbant pour l’enfant qui ne s’est senti connecté à son parent que de façon intermittente. Ce sont des personnes qui ont vécu des enfances éprouvantes comportant beaucoup d’adversités.

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Complément d’informations :

Pour celles et ceux qui connaissent la théorie des 5 blessures (référence au fameux livre de Lise Bourbeau - « Les 5 blessures qui empêchent d'être soi-même » : Abandon, rejet, injustice, trahison et humiliation), sachez que la théorie des styles d’attachement est étroitement liée puisqu’elle provient également de blessures d’enfance. 

Par ailleurs, il est important de noter que chaque style d’attachement implique différents niveaux : Faible, modéré, sévère.
C’est pour cette raison qu’ils ne s’expriment pas tout à fait de la même façon d’une personne à l’autre.

Dans certains moments de notre vie ou, dans certaines relations, on peut tout à fait basculer dans la polarité inverse de celle que l’on a habituellement (notion « d’îlot de désorganisation »).

Très souvent, nous adoptons inconsciemment le style d’attachement d’un parent (ou des deux), alors même que nous avons parfois grandement souffert de leur façon de se comporter avec nous.
La reproduction des comportements et schémas familiaux est très fréquente ce qui est compréhensible puisque nous avons grandi avec ces exemples et repères là. 

Il est important de savoir que les styles d’attachement ne sont pas permanents, on peut les travailler pour aller vers un modèle plus sécure, plus stable.
Mettre de la conscience sur ces sujets est déjà un premier pas vers l’envie de rompre avec ces schémas hérités et retrouver plus de sécurité.

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Le couple et les styles d’attachement :

Comme nous l’avons vu plus haut, nos styles d’attachement peuvent impacter tous types de relations : La famille, le couple,
l’amitié… etc.

La relation de couple apparaît cependant comme un révélateur fort des types d’attachement en jeu.
En effet, de tous les types de relations que l’on peut expérimenter dans une existence, la relation de couple est la plus complète, difficile et potentiellement réparatrice (dans le sens où “elle nous active” plus que n’importe quelle relation et que ces activations peuvent nous aider à grandir).

Les couples qui partagent un style insécure (surtout quand il est opposé) ont du mal à surmonter leurs conflits car les deux partenaires sont incapables de se soutenir, de comprendre les besoins et les attentes de l’autre.
À l’inverse, les couples sécures sont davantage enclins aux compromis, il sont plus flexibles et utilisent des stratégies constructives qui permettent d’améliorer la qualité de la relation.

Le plus souvent, ce sont nos blessures et insécurités d’enfance qui se confrontent et créent des conflits.
En effet, dans un couple homme/femme par exemple, ce sont les blessures de la petite fille (la femme) qui vont se heurter aux blessures du petit garçon (l’homme). 

Dans une relation de couple aux styles d’attachements opposés (attachement « anxieux » VS attachement « évitant » = très fréquent), les insécurités de l’attachement anxieux vont donc constamment venir renforcer les insécurités de l’attachement évitant de l’autre et vice-versa. 
Pourtant, régulièrement, ce type de couple à l’attachement opposé s’attire. Pourquoi ? 
Parce que le modèle de la relation va venir réveiller nos blessures profondes et, paradoxalement, nous rassurer en confirmant les croyances inconscientes de chacun, à travers une relation qui, même s’il est compliquée est : connue et « famille-lière ». 
Chacun, en appuyant inconsciemment sur la blessure de l’autre, fait que le script familial se répète, de relations en relations. 

Comme vu plus haut, les styles d’attachement n’étant pas permanents et il est néanmoins tout à fait possible pour le couple de changer les dynamiques en place, si les deux personnes sont prêtes à travailler et avancer ensemble, main dans la main.

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Guérir nos blessures d’attachement :

Comprendre et reconnaître les racines de la construction de son style d’attachement est fondamental et constitue une bonne première étape d’introspection.
Cela permet non seulement de mieux se connaître soi-même mais également, de mieux anticiper les dynamiques qui vont se mettre en place avec les autres. 

Pouvoir identifier quel style d’attachement est à l’œuvre pour soi mais aussi, pour l’autre, permet, petit à petit, de se corriger dans les moments où nos insécurités sont activées, de développer notre empathie envers l’autre et ce, afin d’organiser au mieux nos
« danses relationnelles ».
En effet, la théorie des styles d’attachement ne doit pas nous servir d’excuse et il reste de notre responsabilité de travailler activement dessus, pour aller vers un style d’attachement plus sécure. 
On peut toujours se renseigner davantage sur le sujet mais, le mieux (en particulier pour les styles d’attachements les plus sévères), reste d’aller consulter un thérapeute sensible et formé à ces sujets.

Personnellement, j’ai vu pendant quelques mois un thérapeute exerçant entre Aix-en-Provence et Marseille. Je l’ai trouvé super pour traiter précisément ce type de problématique.
Pour celles et ceux habitant la région, n’hésitez pas à me contacter pour ses coordonnés :).
Pour les autres, je vous souhaite du courage dans cette démarche car je sais à quel point il peut être difficile de trouver de bons thérapeutes…
On parle beaucoup d’errance médicale concernant la santé physique mais, malheureusement, le domaine de la santé mentale souffre du même problème. 

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Recommandations et sources :

-Recommandations :

  • Comptes Instagram de coachs/thérapeutes :
    - @coach_ryan_h (spécialisé dans le style d’attachement « Évitant/fuyant » (sévère ou non). Son compte est une PÉPITE !).
    - @annalisa.bahadur (spécialisée dans la vulgarisation de tous les styles d’attachements. Compte imagé agréable et
    pédagogique).

-Sources :

Écrit par Chloé Tesla - Tous droits réservés ©

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