Définitions des termes “ghosting”, "silent treatment” et “gaslighting” :

Le « ghosting » :

Le mot vient de l’anglais « ghost » qui veut dire « fantôme » et fait référence à une personne qui disparaît de votre vie du jour au lendemain, sans explication, ou ignore volontairement vos tentatives de communication.
On distingue 3 situations de ghosting : 

Le ghosting « socialement acceptable » :

On parle ici du « ghosting » que l’on peut tous et toutes expérimenter et faire également, lors de situations/connections nouvelles et « superficielles » comme celles que l’on peut avoir sur internet : les réseaux sociaux ou les applications de rencontres.
Il n’y a pas de rencontre physique, ni d’investissement dans la relation, personne ne se doit rien et notre égo ne sera normalement pas impacté s’il n’y a pas de suite dans les échanges.
Également, dans le contexte particulier que sont les réseaux sociaux, il peut tout à fait être acceptable, sain et légitime de ne plus vouloir donner suite à une conversation si vous estimez que les messages reçus sont inappropriés, lourds, insistants et encore plus si vous avez déjà verbalisé clairement ne pas être intéressé.e par l’échange mais que la personne en face ne semble pas vouloir comprendre vos signaux et limites. 

Le ghosting par peur et/ou immaturité émotionnelle, flirtant avec la toxicité : 

Ce type de ghosting peut arriver avec une personne avec qui vous avez eu une connexion et/ou investi du temps (des jours, des semaines, des mois voire des années), une personne avec qui vous vous êtes montrés vulnérables, vous vous êtes confiés… etc. 
Ici, la personne qui « ghoste » cherche à éviter la confrontation, le fait de prendre ses responsabilités ou d’avoir des conversations inconfortables, principalement par peur, fuite ou lâcheté.
Dans ce cas là, le « ghosting » dépeint une forme d’immaturité émotionnelle, de manque de respect et d’empathie qui peut être une expérience très douloureuse voire dévastatrice pour la personne qui la subit. En effet, cela peut mener à une perte d’estime de soi et laisser de nombreuses questions en suspens mais ce type de ghosting en dit généralement plus sur la personne qui ghoste que sur celle ghostée. Cela peut être une preuve que le « ghosteur » n’est pas capable de gérer les conflits qui sont pourtant inévitables dans toutes relations.

Le ghosting délibérément toxique : 

Ce type de « ghosting » est utilisé par les pervers narcissiques ou d’autres personnes ayant des intentions manipulatrices.
Dans ce cas précis, le « ghosting » apparait comme une tactique de manipulation, proche de ce que l’on appelle le « traitement par le silence » (voir définition plus bas). 
Alors que votre message (texto, email…etc) attend une réponse et que votre destinataire est clairement actif (sur les réseaux sociaux ou dans la vraie vie), il fait le choix délibéré de ne pas vous répondre pendant plusieurs heures ou jours mais (et là est la différence) reviendra vers vous comme si de rien était, soit : en répondant enfin au dit-message, soit : en abordant un tout autre sujet, zappant volontairement votre question initiale.
Cette technique a pour but de créer un sentiment de rejet, alterné avec de l’admission, créant ainsi le chaud puis le froid dans la relation et permettant au « ghosteur » d’instaurer une forme de contrôle dans un climat de grande confusion.
En effet, ce comportement fait que la personne en face ne se sent pas respectée et peut commencer à douter d’elle-même, de sa place et de son importance dans la relation. La communication devient de plus en plus compliquée, malsaine et chaotique. 

Le « silent treatment » : 

Le « silent treatment » ou « traitement par le silence » en français est souvent définit comme le jeu de contrôle passif/agressif phare du pervers narcissique mais attention, il peut aussi être utilisé par des personnes émotionnellement immatures, qui ne savent pas comment gérer le conflit de façon saine (par exemple, une personne ayant un « style d’attachement évitant » (voir mon article précédent sur « Les différents styles d’attachement »)).
Dans les deux cas, ce comportement n’est pas un bon facteur pour établir une relation saine. 

Le traitement par le silence est effectif lorsque deux personnes sont en contact très régulièrement.
Il consiste à cesser toute communication verbale pendant plusieurs heures, jours ou même semaines, que vous soyez physiquement loin de cette personne ou que vous viviez sous le même toit.
C’est une forme de violence psychologique reconnue, de négligence et d’abandon, principalement utilisée comme une forme de punition, la personne considérant que vous ne méritez plus son attention.
Ce comportement va avoir plusieurs impacts chez l’autre comme : une grande anxiété, de l’incompréhension, de la colère, une grande tristesse, une dévalorisation menant à une perte de confiance en soi, de la peur (à l’idée de perdre cette personne)… etc.

Bien sûr et dans un premier temps, si quelqu’un agit de la sorte avec vous, il est important de faire un peu d’introspection en se demandant si vous avez dit ou fait quelque chose qui mériterait un tel traitement. Si c’est le cas, parlez-en et excusez-vous sincèrement.
Si ce n’est pas le cas, vous êtes en droit de vous poser des questions sur la maturité émotionnelle de cette personne ou pire, la nature de ses intentions envers vous. 

Quand un pervers narcissique ou d’autres types de personnes manipulatrices utilisent ce traitement, le but est souvent de contrôler votre comportement et de se nourrir de la réaction émotionnelle douloureuse que vous ressentez lorsqu’ils vous ignorent. 
On parle alors ici de « narcissistic supply » = nourriture/approvisionnement narcissique. 

Que vous laissiez du temps et de l’espace à cette personne et/ou que vous proposiez une ou plusieurs opportunités de communication, la situation s’avère complètement bloquée.

Il faut cependant garder en tête que ce qui est décrit ici est très différent d’une personne saine qui vous expliquerait avoir besoin d’un peu de temps et d’espace pour réfléchir et qui définirait une limite de temps claire avec vous.
Le fait de verbaliser cette intention en vous prévenant changeant la donne.

Si ce type de réactions est récurrente, il peut être intéressant d’en parler avec la personne concernée.
Deux justifications pourraient alors se présenter :
-Cas n°1 : La personne utilisant le « traitement par le silence » le fait car elle rentre dans une sorte de mutisme dont elle a du mal à sortir. Elle a conscience que ce comportement n’est pas sain et qu’il impacte l’autre douloureusement. Elle peut d’ailleurs éprouver une forme de culpabilité et même s’excuser pour ce comportement qui la dépasse complètement. Cette difficulté à gérer les émotions et le conflit pourra facilement être travaillée avec un thérapeute, si la personne le souhaite. 
-Cas n°2 : La personne utilisant le « traitement » par le silence ne présente pas ou peu de remord concernant son comportement et son impact sur l’autre. Elle estime que vous méritez leur réaction excessive et peut justement trouver votre réaction à leur comportement, exagérée (retournement de situation = gaslighting). L’absence d’introspection et d’empathie, ne laissant aucune place au travail thérapeutique, fera certainement que ce comportement délétère se réitérera.

Le « gaslighting » : 

Il s’agit d’un retournement de situation.
Dans la tête du ou de la « gaslighter/trice », le traitement qu’il ou elle vous a infligé n’est jamais le problème, c’est votre réaction à leur traitement qui l’est. 

Exemple : 
Vous apprenez que votre compagnon vous trompe, vous êtes brisée et essayez de comprendre cet acte via une discussion. 
Lors de cet échange, vous pleurez, tremblez et haussez la voix, ce qui est compréhensible dans une situation de grande trahison dans laquelle la charge émotionnelle est immense…
Pourtant, votre compagnon se met à s’énerver violemment contre vous en jugeant votre état et votre sensibilité avec des phrases typiques du gaslight comme : « Regarde dans quel état tu te mets », « Tu es trop sensible », « Tu en fais toute une histoire », « Tu es un.e drama queen », « Calme-toi avant de me parler »… etc, niant et rejetant ainsi vos émotions et vos sentiments, pourtant légitimes ici. Abasourdie par ces critiques et ce retournement violent de situation, vous pouvez pourtant facilement vous mettre à culpabiliser ou même aller jusqu’à vous excuser pour votre réaction à leur comportement (ici, l’adultère).

Bien sûr, ceci n’est qu’un exemple et le « gaslighting » peut tout à fait avoir lieu dans des situations plus banales du quotidien, lors d’un conflit mineur suite à un désaccord. D’autres exemples de phrases types :
« C’est de ta faute »
« Je n’ai jamais dit ça »
« Ceci n’est pas arrivé »
« Tu ne comprends jamais rien »
« C’est ta mémoire qui te joue des tours »
« Tu es complètement instable/dérangé.e »
« Tu es fou/folle, c’est bien connu »
« Tu te fais des films »
« C’était juste une blague, tu es trop susceptible » 
« C’est ton problème si tu n’aimes pas la façon dont je te parle » 
« Tu es trop négatif/négative » ou « Tu vois le mal partout » (quand vous faites référence à une action ou un propos de leur part qui vous a heurté).
« Tu es trop needy/clingy» ((= trop dépendant, accaparant, nécessiteux) quand vous demandez le minimum de ce qu’il est légitime d’attendre dans une relation équilibrée).

Il faut préciser que, dans une relation saine, la plupart de ces phrases peuvent paraitre anodines car on a encore bien sûr le droit de faire des critiques à l’autre, si et seulement si, elles sont amenées avec bienveillance et respect.
Mais ici, le but de ces phrases est de distordre la réalité pour entretenir une forme de confusion facilitant le contrôle sur l’autre. 

Il est important de garder en tête que tous les désaccords que nous avons avec les autres sur notre perception de la réalité ne sont pas du gaslighting. On parle ici d’un pattern récurent, qui a lieu avec une personne en particulier. 

Tandis que vous prenez la peine de faire attention à chacun de vos mots, à chacune de vos actions pour ne pas blesser l’autre (souvent susceptible), il n’y a, vous concernant, jamais aucune place pour vos émotions (joie, tristesse, dégoût, peur, colère et surprise) et vos sentiments (généralement caractérisés par des ressentis plus longs que les émotions).
C’est toujours : soit le mauvais moment (moment qui va d’ailleurs vous être présenté comme « gâchant le leur »), soit : une exagération de votre part (« C’est ta sensibilité démesurée qui te fait réagir ainsi, quelqu’un de normal n’aurait pas relevé »).
À la longue, cela va donner lieu au sentiment d’être en train de devenir « fou ou folle » car cela altère/distord doucement mais surement, votre perception de la réalité, vous faisant vous demander si celle-ci est précise et même… fiable.
Cela va également générer de l’anxiété et une dévalorisation, dégradant la confiance en soi. 
Vous tombez alors dans le « self-doubting » (= doute de soi) qui est important et sain dans certains cas (introspection, remise en question) mais qui, ici, est une façon pour la personne pratiquant le « gaslighting » de se dédouaner de toutes responsabilités et d’éviter l’introspection à tout prix.

Comme les styles d’attachement évitants, les personnalités narcissiques sont également des expertes en « gaslighting ». Mais attention à ne pas confondre « une personnalité narcissique », « un pervers narcissique » et « un attachement évitant (voir évitant sévère) ».
La différence majeure entre un « pervers narcissique » et une personne ayant un « attachement évitant » est : l’intention (faire du mal voire détruire l’autre).
Par ailleurs, une personne ayant un « attachement évitant » a la capacité de se remettre en question et d’éprouver des remords pour ses actes toxiques, ce qui n’est pas le cas du pervers narcissique.

Le « gaslighting » est une sorte de mensonge compulsif/chronique à buts multiples : 
-Gagner du pouvoir et du contrôle sur vous.
-Vous convaincre qu’ils ont raison.
-Rejeter et/ou ignorer vos émotions, vos sentiments et vos besoins.
-Minimiser l’abus psychologique qui vient d’avoir lieu.
-Se faire passer pour la victime.
-Fuir toutes responsabilités.

Être régulièrement « gaslighté.e » peut créer en vous : De l’anxiété, du doute, de la confusion, un brouillard mental, une désorientation, de la paranoïa, de la peur, un repli sur vous-même… etc, ce qui va avoir pour effet de ne pas vous sentir assez bien pour cette personne, de vous excusez régulièrement, de vous sentir coupable et mal aimé.e… etc.

Il y a une contradiction constante entre ce que ces personnes disent et ce que ces personnes font.
Les victimes témoignent que le déni de l’abus (par le gaslighter) finit par être pire que l’abus lui-même. 
En psychologie, le « gaslighting » est considéré comme de l’abus psychologique.

Si, dans une relation, vous êtes « gaslighté.e » pratiquement quotidiennement, il faut d’abord arriver à prendre un peu de recul (ce qui peut être très difficile à faire quand on est impliqué.e sentimentalement et émotionnellement).
Se rappeler que vous n’êtes pas fou/folle et que votre perception de la réalité est généralement juste (si ce n’était pas le cas, vous le sauriez depuis longtemps et cela causerait des problèmes majeurs dans vos autres relations).
Laissez également de la place à votre intuition et, si vous n’arrivez même plus à être un.e bon.ne juge pour vous-même, n’hésitez pas à demander de l’aide, que ce soit à un.e ami.e, un membre de la famille ou mieux : un thérapeute certifié (la neutralité ayant son importance).

Il faut comprendre que le comportement de la personne pratiquant régulièrement le « gaslighting » (conscient ou non, intentionnel ou non) n’est pas sain. Il est même toxique. 

Dans ces situations, stoppez de vous blâmer pour le comportement de l’autre. Ne laisser par les rôles s’inverser, ni votre cerveau se faire retourner, sachant d’ailleurs que le terme « gaslighting » est souvent associé au terme de « décervelage » en français. 

Il est important ici de « garder le cap », autant que faire se peut.
Savoir poser et tenir ses limites, définir ce que vous tolérez, ce que vous voulez, ce dont vous avez besoin.
Communiquer également sur l’impact que ce type de comportement a sur vous et, s’il n’y a pas de prise de conscience, de compréhension ou d’empathie en face, savoir s’éloigner.  

Le « gaslighting » et le « ghosting » étant souvent pratiqués par le même type de personnes, cela a donné lieu au terme « ghostlighting ». Il faut garder à l’esprit que les « personnes saines » ne « ghosthent » pas/ne « gaslightent » pas. 

Si ce type de situation se répète et que la personne en face de vous est constamment en train de nier ce que vous entendez/voyez/ressentez, voici quelques conseils qui peuvent vous aider à ne plus douter : 
-Écrivez les événements pour ne pas les oublier.
-Enregistrez la conversation pour pouvoir y revenir et analyser les patterns en jeux. Même si cela n’apparaît pas comme très éthique, cela peut être très utile dans les cas les plus graves.
-Décrivez avec le plus d’impartialité possible la situation à une personne neutre et compétente (= un.e thérapeute).

Une fois que vous êtes certain.e de ce qu’il se passe, n’essayez surtout pas indéfiniment de faire que le « gaslighter » reconnaisse ses torts car, une des principales raisons pour laquelle la personne gaslight est, justement, pour fuir ses responsabilités. 

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